Democratic Republic of Congo

 

Kivu : paix contre le contrôle des mines

Sans contrôle des sites miniers par le gouvernement de la République, la paix restera encore longtemps hypothétique pour le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. c’est l’équation à résoudre absolument. Illustration : l’attrait des ressources minières de ces deux provinces ravive les appétits des multinationales et suscite de nouveaux groupes armés. Pendant ce temps, des éléments de l’ex-CNDP mixés prennent la tangente et tournent le dos aux Forces armées de la RDC. Confusion !

Retour, quasiment, à la case départ. Ainsi se présente la pénible situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, une année après la signature de l’Acte d’engagement par tous les groupes armés.

Tous les protagonistes de l’époque, y compris le gouvernement, avaient levé l’option de mettre définitivement fin aux années de guerre fratricide et de s’investir dorénavant dans le développement de deux entités.

Pire, les processus de brassage et de mixage qui ont été imaginés pour la réintégration des groupes armés dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) n’ont pas, à ce jour, donné la preuve d’efficacité.

Bien au contraire, ce sont des récriminations que l’on distille de part et d’autre. Le gouvernement accusant les groupes armés de tiédeur, et ceux-ci dénonçant son non respect des engagements. Et pourtant, la dernière évaluation du Comité de suivi n’a pas fait allusion à cette tiédeur et à ce non respect des engagements. Pourquoi ?

Sur le terrain, c’est un peu le statu quo qui est depuis peu brouillé par la croisade, fortement médiatisée, des FARDC contre les sanctuaires des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), pour ne parler que du drame de deux Kivu.

UN ECRITEAU ‘CNDP/FARDC’ ?

Pas étonnant que, sur certaines routes du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les visiteurs tombent sur des barrages militaires tenus par des hommes en armes portant l’uniforme des FARDC, et postés derrière un écriteau indiquant clairement « CNDP/FARDC ». Cette anomalie explique l’état d’esprit des anciens compagnons d’armes du dissident Laurent Nkunda, lui-même aujourd’hui « retenu » au Rwanda.

Est-il prématuré de conclure à l’échec du mixage ou du brassage spécialement concoctés en faveur du CNDP ? Les faits, en tout cas, le démontrent. Comme d’ailleurs, il est prouvé qu’aucune semaine ne passe sans qu’un nouveau groupe armé ne signale sa naissance. Renseignement pris, ces nouvelles créatures portent la marque soit du CNDP, soit de notables groupes Maï-Maï signataires de l’Acte d’engagement en mars 2008.

Que cachent ces revirements à répétition ? Une seule chose : la recherche par des bandes armées de l’autonomie d’action pour exploiter à leur profit les ressources minières de la province. Cette maffia est encouragée par l’omniprésence des négociants et des multinationales. Elle est également soutenue par l’absence de l’autorité de l’Etat dans ces territoires.

Par conséquent, tant que l’autorité de l’Etat congolais ne se sera pas imposée à tous les coins du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les trafiquants auront les coudées franches pour vendre des armes, piller les ressources minières du pays, aider les nationaux à mettre à feu et à sang les villages congolais.

Dans le contexte où les mines dictent la loi, la paix menace les intérêts des trafiquants d’armes et autres pilleurs. La confusion risque de s’installer durablement. N’est-il pas ahurissant de voir des Maï-Maï autochtones s’allier aux FDLR pour s’opposer aux Forces armées de la RDC et exploiter en commun les mines du Kivu !

LE FLIRT AVEC AFRICOM

Evidemment, la paix peine à retourner dans l’Est de la RDC. Et ce, en dépit du réchauffement des relations diplomatiques entre Kinshasa et Kigali, Kinshasa et Kampala, Kinshasa et Bujumbura. Ces rapprochements semblent n’avoir aucun impact sur les préoccupations des populations locales. Kinshasa devrait y penser. C’est dans ses prérogatives. Comment concilier les intérêts de ses citoyens avec les défis de la diplomatie dans la région ? Voilà une piste de plus à explorer.

Une aubaine cependant : le flirt avec Africom, le Commandement américain pour l’Afrique, devra être transformé en assurance sécuritaire. Donc, plus de tergiversation pour formaliser la coopération d’Etat à Etat avec Washington en matière de sécurité. Personne, en RDC, ne doute de nombreux avantages qui découlent d’une telle coopération.

D’ores et déjà, l’accueil d’Africom sur des bases congolaises constituera l’arme décisive de dissuasion pour tous les trouble-fêtes qui écument les sites miniers de deux Kivu. Il n’y a pas que des trafiquants qui se sentiraient inquiétés. Il y a aussi et surtout les envahisseurs (FDLR et LRA) venus du Rwanda et de l’Ouganda. Même Al Qaida réfléchirait deux fois avant de s’y aventurer.

Kinshasa a tout intérêt à oeuvrer pour le retour rapide de la paix dans l’Est. Il détient tous les atouts. C’est à lui de définir ses priorités. En commençant par maîtriser la contrôle des sites miniers. Et en coopérant avec tous les pays qui lui tendent la main, sans renoncer à ses engagements internationaux, notamment avec la Justice internationale qui traque les crimes de guerre et contre l’humanité. Et, économiques.

Source: Le Potentiel



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
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